Un séjour temporaire à Paris, Texas - Part 2.1
Deux semaines plus tard, le destin a tourné en ma faveur. Je me suis levé et je me suis dirigé vers un transformateur électrique – en marchant sans aucun but précis. A nouveau, j'ai pris conscience que j'étais sans amis. Le mois de Décembre était bien entamé, et le vent du Nord Texas soufflait à travers la prairie par grands coups de blizzards, ce que j'avais déjà vu et je pensais : Oh, si seulement j'avais un dollar ou si du moins je pouvais trouver un endroit où les gagner maintenant ! Mais je n'avais rien, alors je devais laisser le destin faire son chemin et attendre pour ce qui semblait être la fin.
A la nuit tombante, (et cela je ne suis pas prêt de l'oublier) j'ai rampé dans un wagon rempli de paille. Au bout d'un moment, j'ai réalisé que nous étions en train de rouler. J'étais incapable de dire en quelle direction nous allions, mais c'est sûr j'allais quelque part. Vers les 9 heures, le train s'est arrêté. Je suis sorti du wagon et me suis retrouvé à Paris, Texas, une petite ville située à la frontière nord de cet Etat. Ne sachant pas où aller, j'ai pris la direction Nord. Je n'avais aucune idée du lieu où j'allais passer la nuit, mais en quelques minutes, je me suis trouvé au Square. Là il y avait deux saloons de part et d'autre de moi, et un ou deux restaurants en contrebas de la rue.
Au restaurant, des hommes et des femmes déjeunaient ; les hommes buvaient et semblaient passer un bon moment. Je suis entré au saloon et me suis assis derrière le poêle. J'ai regardé aux alentours pour voir si un de ces hommes me donnerait vingt-cinq centimes, le prix d'un repas en ces jours-là.
Comme c'était des plus improbables, alors, après avoir jaugé la foule et m'être suffisamment réchauffé, je suis ressorti dans la rue à nouveau. La nuit était très froide ; en fait, je ne crois pas avoir jamais vu une nuit aussi froide au Texas. Il avait neigé toute la journée, et la neige continuait à tomber dense et en gros flocons. Le vent du nord hurlait et mes vêtements d'été ne m'ont pas maintenu au chaud. J'aurais bien aimé un changement de vie. Je me suis tenu à la porte d'entrée du saloon quelques instants, jetant un regard vers le haut et le bas de la rue, et en me demandant quelle direction prendre ou à qui parler. J'ai pensé que ce vieux monde était vraiment cruel et qu'il n'y avait personne pour se soucier de moi, que je vive ou pas.
Pendant tout ce temps là, mes pensées retournaient aux jours de mon enfance au temps où mes parents vivaient encore. Rien que de penser à l'état de ma condition, j'en étais malade. Mais, je savais que quelque chose allait se passer, alors je suis ressorti dans la neige et j'ai commencé à remonter la rue. Et comme j'atteignais un coin de rue, un homme à l'apparence amicale se tenait là à côté de ce qui ressemblait être un étrange petit wagon. Ma description reste approximative, mais pour moi il semblait avoir l'embrayage des roues d'un grand landau. A l'emplacement du lit il y avait un coffre de 45 centimètres de large et de profondeur et d'environ 90 centimètres de long.
Cet homme m'a souri et m'a parlé plutôt gentiment. Il m'a dit quelque chose comme : ''Plutôt froid ce soir !'' ''Oui'' lui ai-je répondu, ''pour quelqu'un qui porte des vêtements d'été.'' Alors que je continuais à avancer, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder en arrière vers lui. Je n'avais fait que quelques pas, mais j'avais le sentiment que je devais revenir en arrière, et parler avec cet homme, et en savoir plus à son sujet parce qu'il avait un visage si amical. Je suis donc revenu sur mes pas.
Et comme je passais vers lui, il m'a demandé si je cherchais quelqu'un. Je lui ai répondu : ''Oui et non''. Et quand il m'a demandé où je vivais, je lui ai dit : ''Monsieur, vous êtes l'homme le plus amical que j'ai rencontré depuis longtemps. Alors je vais vous dire certaines choses et je vous demande de me conseiller à ce sujet.'' Je lui ai confié tout ce que j'ai pu lui dire, ce que j'avais fait ces trois ou quatre derniers mois, d'où je venais cette nuit et tout cela.
Il m'a dit :''Mon gars, je suis désolé pour vous ; je sais ce dont vous avez besoin. Avez-vous faim ? Oui, et vous avez faim, vous êtes fatigué, vous avez froid, et vous avez sommeil, n'est-ce pas ? Monsieur, lui ai-je répondu : ''Vous avez vu juste.'' Il m'a dit que si je pouvais manger ce qu'il avait à me donner, il me servirait toutes les ''tamalès'' que je pourrais avaler –- (les tamalès sont une sorte de petits pâtés faits à base de farine de maïs, remplis de viande à la sauce chili, et enveloppés dans des feuilles de maïs, le tout cuit à la vapeur.) Je lui ai dit :''Monsieur, je n'ai jamais rien vu de pareil, mais si elles sont bonnes à manger, vous pouvez m'en servir.''
Alors, esquissant un sourire plutôt amical, il m'a dit qu'il me les servirait au fur et à mesure que je les mange, parce qu'elles ne sont pas bonnes à manger froides. Après m'avoir montré comment enlever les feuilles qui n'étaient pas comestibles, j'en ai mangé une demi-douzaine qu'il m'a servi au fur et à mesure. Ce fût pour moi un grand repas. Je l'ai regardé, en m'excusant un peu, mais il m'a dit de continuer et que cela lui faisait très plaisir de me voir manger. Je crois que j'ai dû au moins manger trois douzaines de tamalès chaudes ce soir là. Il m'a demandé mon nom et, après lui avoir répondu, il m'a dit : ''Je ne pense pas que vous trouverez un endroit où rester ce soir, alors vous feriez mieux de venir à la maison avec moi ce soir.'' J'ai regardé autour de moi et me suis demandé si cela pouvait être vrai que Dieu ou une autre personne ait organisé cela afin que j'ai un lieu pour dormir ce soir. Bien sûr, j'ai accepté l'invitation. Je n'avais aucune idée de l'endroit où il habitait, mais cela était sans importance. Après une demie heure environ, il m'a dit que nous ferions mieux de rentrer pour la nuit. Alors, nous nous mîmes en route pour sa maison.
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