Wednesday, September 27, 2017

LA SANCTIFICATION D'ELLIOT HODGE/SANCTIFICATION OF ELLIOT HODGE introduced by Doyle Davidson - Français

LE DÉBUT DE MES ERRANCES - Part 1.2
Cette nuit là, je me suis arrêté à Atlas, en Arkansas, où je me suis rendu au cirque appartenant aux Frères Busby qui en assuraient la gestion. Ce spectacle était connu comme étant ''Le cirque à une Roue desFrères Busby''. Au cours du spectacle ma curiosité fût attisée. J'ai pensé que je pourrais voyager avec eux. Je me suis demandé quelle place je pourrais occuper dans ce cirque. Je suis allé trouver le directeur, et ayant vu à quoi il ressemblait, je me suis approché de lui d'une manière infantile. Voyez-vous, tout ceci était nouveau pour moi. Et jusqu'à présent, je n'avais pas réalisé combien le monde dans lequel nous vivions était grand et large.

Quand j'ai rencontré le directeur, je savais à peine quoi lui dire, et alors timidement je lui ai demandé si il avait besoin de mains pour l'aider. Il a regardé mon corps chétif et m'a demandé d'une voix bourrue :''Où vivez-vous mon garçon ?'' Je lui ai répondu :''Partout''. Il m'a ensuite demandé où j'allais ? Et je lui ai répondu : ''Partout''. Il m'a alors demandé :''Quelles sont vos aptitudes jeune homme ? Il m'a à nouveau jeté un regard indifférent, comme si peu lui importait que je vive ou pas. Je lui ai dit que je pouvais faire un petit peu de tout ce que les gens savent faire beaucoup. Il m'a alors demandé  quel était mon poids. Je lui ai répondu : ''Environ 130 livres'' (soit environ 65 kilos).

Il m'a regardé encore trois ou quatre fois avant d'appeler un autre homme bourru, qui semblait être une sorte de foreur. Il lui a fait signe de venir. ''Jerry'', il a dit, ''As-tu une place pour ce jeunot ?'' Il m'a regardé et m'a posé toute une série de questions que j'ai répondu au hasard. ''Mon garçon'', il a dit, ''Je vais te mettre avec le groupe Kansas. Je ne pense pas que tu puisses faire grand chose, mais il semble que tu aies du répondant. Alors je vais quand même te donner une chance.''

C'est ainsi que j'ai travaillé pour ''Le Cirque à une Roue des Frères Busby''. C'était ma première expérience dans le monde du spectacle. Tout autour les gens s'activaient. Mais il n'y avait personne pour m'adresser une parole gentille ou encourageante. Alors pendant une à deux heures de travail intensif à diriger des bornes avec des marteaux de forgeron de six livres, à soulever des gros paquets de toiles, à mettre en place des gros poteaux, à dérouler des grosses cordes, je pensais encore plus que jamais à ma pauvre chère maman alors que tout le monde me maudissait.

Une fois la tente plantée et les sièges installés, on nous appelait à ce qui était connu sous le nom de ''chow' dans le monde du cirque. Après le diner, nous étions rassemblés autour de la grande tente avec un gourdin à la main, surveillant les petits garçons qui se faufilaient sous la tente. Ce soir là, alors que le spectacle se poursuivait, nous avons commencé à démonter et à faire les préparatifs en vue de l'expédition vers notre prochaine destination. Une fois que tout était démonté, chargé, transporté vers le train et amené à la ville de Van Buren, en Arkansas, l'étape suivante, nous recommencions le même travail.

Le temps me manquerait pour vous dire tous les endroits où je suis allé avec ce spectacle, ainsi que tous les coups durs, et les questions ardues et les réponses bourrues qui sont venus à moi. Pendant tout ce temps je me demandais ce qu'il adviendrait de moi maintenant que je ne connaissais personne à qui confier mes problèmes. Oh, comme ma tête était douloureuse. Oh, combien ai-je désiré revoir encore ma vieille maman ou de pouvoir aller vers quelqu'un qui ait une parole gentille à mon égard ou qui puisse me donner un conseil amical !

Finalement, je me suis fatigué du monde du spectacle et je désirai un réel changement de décor et d'occupation. Nous venions d'arriver à Mena, en Arkansas. Alors que le spectacle se déroulait, n'ayant pas grand chose à faire, je me suis promené vers le parterre du spectacle pour voir si une fois seulement je pouvais trouver quelqu'un avec qui échanger quelques paroles amicales. Finalement je suis arrivé au devant du spectacle où un homme faisait la présentation de celui qu'il allait donner. Je l'ai écouté un moment et j'ai pensé que cela pourrait être une bonne place moi, si je pouvais me joindre à lui.

Une fois qu'il a terminé de parler et indiqué aux gens que le montant de l'admission s'élevait à dix centimes, les gens ont commencé à se mettre en file. Cet homme m'a jeté un regard gentil, il m'a regardé de la tête aux pieds et m'a dit : ''Entrez, si vous voulez''. Je suis entré et quand j'en suis ressorti, il m'a touché sur l'épaule et m'a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit avec qui j'étais et il fit la remarque qu'ils ne payaient pas beaucoup. Je lui ai dit que c'était vrai. Il m'a dit que si je pouvais faire ce qu'il souhaitait, il voulait bien que je l'accompagne. Il m'a demandé si je pouvais chanter et je lui ai dit que je pouvais un petit peu. Il m'a demandé si je pouvais danser, je lui ai répondu que je pouvais danser et chanter. Il m'a dit : je pense pouvoir vous utiliser. C'est comme ça que j'ai signé avec la société de spectacles Serpent Otis Larue. Cet homme s'est avéré ensuite être un réel ami. J'ai donc ainsi joué le rôle de Comédien.

Nous avons effectué des tournées au Texas et en Arkansas jusqu'à l'hiver. Puis nous avons pris nos quartier à Seleste, sa ville de résidence, au Texas. Si ma mémoire est bonne, nous nous sommes cantonnés là vers la fin octobre. Et bien sûr, toute la compagnie devait rechercher un travail jusqu'au printemps prochain, à la reprise du spectacle. Larue m'a dit : ''Tu ferais bien de rester avec moi un moment. Je pense pouvoir te trouver quelque chose à faire ici, peut être un travail dans la fabrique de coton jusqu'au printemps, parce que cela m'ennuierait de te laisser partir.''

Pendant le mois qui a suivi j'ai récupéré quelques emplois jusqu'à un matin où j'ai senti que ma tête semblait chavirer. J'avais conscience que quelque chose ne fonctionnait pas. J'ai pensé que peut être je m'étais un peu trop attardé la nuit précédente, et que c'était la raison pour laquelle je me sentais si mal. J'ai essayé de déjeuner mais rien ne semblait m'intéresser. J'ai marché dans la ville en me sentant vraiment mal. J'ai consulté un médecin qui m'a demandé ce que je ressentais. Après avoir pris mon pouls et m'avoir examiné, il m'a dit ''Jeune homme où demeurez-vous ?'' Je lui ai répondu que j'habitais au Comté de Crawford, au Kansas, quand j'étais à la maison.

Il m'a demandé si j'avais des amis ou des proches dans la ville et je lui ai dit que je n'en n'avais pas, mais que je résidais chez un homme pour qui j'avais travaillé. Il m'a dit : ''Vous ne le savez peut être pas, mais vous êtes un garçon très malade. Je veux que vous rentriez à la maison, ou du moins l'endroit où vous demeurez, allez vous coucher, et peut être que vous irez mieux d'ici quelques jours, si vous avez de la chance.

Il m'a prescrit beaucoup de médicaments et je suis rentré à mon lieu de pension. J'ai pris conscience que j'étais vraiment malade parce que sur le chemin du retour j'ai dû m'arrêter trois ou quatre fois. Une fois arrivé, je suis allé directement me coucher. Les gens de la maison m'ont demandé ce qui n'allait pas, et je leur ai dit que j'avais la fièvre de la malaria et autres fièvres. Dès cet instant j'ai réalisé que je n'étais plus le bienvenu ici. Alors j'ai pensé : ''Oh, ma chère vieille maman !'' Et pendant les deux semaines qui ont suivies, cette pensée ne m'a pas envahi une fois mais des milliers de fois.

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